• Séminaire de Bohicon : Le sens d’un rendez-vous important pour l’histoire

    Les partis et alliances de partis opposés aux forces cauris s'étaient réunis à Abomey et Bohicon les 28 et 29 novembre 2008 pour décider de la nouvelle conduite à tenir face aux dérapages du changement et aux menaces qui pèsent sur notre démocratie. Une rencontre historique qui, à n'en point douter, marquera d'un nouveau cachet l'évolution politique de notre pays.

    Après la rencontre d'Abomey, les forces cauris sont passées à l'offensive. Des voix se sont élevées qui pour parler de fiasco, qui encore pour marquer sa déception parce qu'aucune des forces politiques réunies à Abomey n'a annoncé officiellement son appartenance à l'opposition. Des réactions qui montrent que le souci de ceux qui entourent aujourd'hui le chef de l'Etat, c'est de faire en sorte qu'ils soient les seuls. Qu'à cela ne tienne. Il y a tout de même qu'en dehors de cette préoccupation certainement «légitime» en politique, ce qui s'est passé à Abomey restera longtemps dans les mémoires parce que c'est un fait historique. Il s'agit d'un fait historique en ce sens que ce que ni Soglo, ni Kérékou n'a pu faire, Boni Yayi a réussi à le faire. Il s'agit de l'union de toutes les politiques du sud plus la plus grande force politique du septentrion autour d'un idéal. La lecture qu'on peut faire d'Abomey, c'est d'abord qu'il faut qu'on évite à notre pays des situations du genre de celle de 2006 où le premier magistrat est presque un étranger. Dans les pays évolués, cela ne peut se passer. L'exemple du Ghana est là, plus proche de nous. En réalité, le sens à donner au séminaire d'Abomey et de Bohicon se trouve dans cet extrait de la déclaration de Bruno Amoussou que nous avons voulu porter à la connaissance de nos lecteurs.

    « Notre ambition à Bohicon était de jeter les bases de la démarche qui aurait dû être la nôtre depuis toujours: construire, comme dans toutes les démocraties, vieilles, nouvelles ou rétablies, une force politique capable d'élaborer et de mettre en œuvre une politique économique et sociale, une force en mesure de secréter les dirigeants du pays. Nous voulons bâtir dès maintenant une force politique capable de mobiliser notre peuple autour d'objectifs partagés et soutenus par un groupe et une organisation et non autour de la vision d'une seule personne, de surcroît isolée. Nous voulons faire renaître le militantisme désintéressé au sein de notre jeunesse pour lui permettre de rêver et de s'enthousiasmer. Nous ne savons pas le temps que cela prendra mais nous avons la conviction d'avoir enfin choisi la seule voie d'avenir qui s'offre à notre peuple. L'enthousiasme de nos compatriotes autour de ce projet d'avenir, l'incrédulité de certains d'entre eux nous stimule parce qu'aucun déterminisme, aucune fatalité ne condamne notre rassemblement à n'être qu'un feu de paille ou une entreprise de retour en arrière. Nous serions heureux de voir d'autres formations politiques nous rejoindre ou d'accueillir tous ceux qui partagent notre ambition.

    D'autres formations politiques peuvent également s'engager dans un processus analogue sur la base de leurs affinités politiques pour une plus grande vitalité de notre démocratie. Une société civile qui ne serait ni un vivier de potentiels ministres en hibernation ni le refuge de fuyards déroutés par la complexité des problèmes et préférant le confort des sièges de censeurs aux confrontations avec les réalités sociales, placerait nos initiatives sous le regard critique dont nous avons besoin. Une telle entreprise demande du temps. C'est la principale raison de sa mise en chantier maintenant, bien avant les échéances électorales et pendant que nous ne pouvons offrir aucune des facilités du pouvoir. Ceux et celles qui s'engageront dans ces conditions bénéficieront plus de la présomption de sincérité. Cette ambition peut devenir une réalité par l'action conjuguée de tous ceux et celles qui veulent ouvrir de réelles perspectives de développement pour notre pays dans une Afrique apaisée et déterminée ». Le séminaire de Bohicon a été le rendez-vous au cours duquel une graine a été mise sous terre.

    La Presse du Jour du 16 décembre 2008


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