• La 18e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l'école aura lieu du 19 au 24 mars 2007 avec pour thème : « découvrir le monde avec les médias ». Initiative du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de son Centre de liaison de l'enseignement et des moyens d'information (CLEMI). Elle est organisée en partenariat avec les organisations représentatives de la presse, La Poste et sa Société de traitement de presse (STP) qui offrira, pour l'occasion, un poster retraçant les 24 heures de la vie d'un magazine. Plus d'informations : http://www.clemi.org/spe1.html

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  • «L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde » Cette phrase célèbre de Nelson Mandela reste d'actualité et le sera toujours car on ne peut construire une vraie nation sans  donner une bonne éducation aux citoyens. S'il est évident que l'éducation  commence à la maison pour se poursuivre dans les écoles et dans la société où le citoyen est appelé à évoluer, il reste qu'il existe d'autres moyens ou sources qui contribuent énormément à son éducation. Il s'agit notamment des médias à savoir : les journaux, la radio, la télévision, l'Internet...Mais faudrait-il encore que les citoyens sachent que les médias constituent pour eux des sources pour s'éduquer et sortir de l'ignorance. Vue sous cet angle, il est  bien opportun d'éduquer les citoyens à l'appropriation des médias, car malgré la plus forte dose de bonne volonté dont fait preuve l'enseignant, il ne saurait inculquer à l'apprenant tout le savoir dont il a besoin pour devenir un citoyen accompli. Mais à défaut de tout lui apprendre, il pourra lui monter la voie et le cheminement nécessaires à emprunter. A ce sujet d'ailleurs, Blaise DJIHOUESSI, enseignant écrit dans une réflexion publiée dans le quotidien béninois «Le Matinal», (édition du 11 septembre 1998 à la page 08) : « C'est à l'école que devrait revenir aussi la responsabilité d'apprendre aux élèves à décoder ce qu'ils voient à la télévision et sur les affiches publicitaires, ce qu'ils entendent à la radio, ce qu'ils lisent dans les journaux et dans les revues. C'est à l'école que devrait aussi revenir la responsabilité d'aiguiser  leur esprit critique dans ce domaine » Il poursuit sa réflexion en mettant l'accent sur le rôle de ces collègues enseignants. « Notre métier d'enseignement est de faire comprendre à nos élèves comment décrypter la réalité. Il y a trop d'implicites dans les médias (TV, affiches, journaux). Ces implicites sont entre autres ce qui fait la force des médias, tout au moins de certains médias. L'élève doit pouvoir les découvrir pour se cultiver ».
    « Notre rôle d'enseignant » poursuit Blaise DJIHOUESSI, « c'est aussi de susciter la réflexion des élèves sur les médias, d'analyser comment l'information  y est traitée, d'étudier les différentes manières  de présenter la réalité et de manipuler les faits...de comprendre  q'un article de journal n'exprime qu'un point de vue (parmi tant d'autres) et de les encourager  à écrire des articles, à argumenter leur point de vue sur une question précise. »
    Au regard de ses réflexions menées par M. Blaise DJIHOUESSI, il se dégage clairement qu'il est possible  et qu'on devrait éduquer les apprenants aux médias.
    La question qui se pose à présent est de savoir si ce couloir peut être une opportunité pour l'enseignement de la citoyenneté ? La réponse à cette question à mon avis est l'affirmative. Car l'appropriation des médias par les  citoyens constitue une énorme possibilité pour apprivoiser et dompter tout ce qui se passe dans la cité.

    En matière d'éducation aux médias, la République du Bénin a fait un certain nombre d'expériences qu'il convient de partager avec d'autres pays.
    Les toutes premières expériences sont celles d'édition de journaux par les collèges. C'est le cas du Collège d'Enseignement Général de Davié à Porto-Novo au Bénin. Dans les années 1980, le Club UNESCO de cet établissement éditait déjà un journal qui n'a pas eu une longue durée de vie. D'autres collèges font de même jusqu'aujourd'hui. Mais le manque d'un encadrement rigoureux par des  professionnels des médias, les difficultés d'écoulement de ces journaux sont des handicaps qui étouffent dans l'œuf  les projets initiés avec beaucoup de volonté.

    Depuis 1992, une autre forme d'éducation aux médias a vu le jour au Bénin. Pour une première fois, l'office de la radiodiffusion et de la télévision du Bénin ouvre ses antennes aux vacanciers pour entrer dans le secret de la profession du journalisme à la radio. Depuis, l'expérience ne s'est plus arrêtée en passant de la dénomination d'antenne vacance à celle de  « Vacance Radio ».
    En 1998, le quotidien béninois « Le Matinal «  emboîte le pas à la radio nationale. Il institut le programme « Regard sur les vacanciers » qui deviendra par la suite le programme « Médias Vacance »
    Ce sont-là quelques expériences en matière d'éducation aux médias que j'aimerais partager avec l'assistance.

    I - Le programme Média vacance du quotidien « Le Matinal » (1)

    C'est en 1998 que le programme « Média Vacance » a  été initié  par le  quotidien « Le Matinal ». Mais en ce moment, il était intitulé « Regard sur les vacanciers». Par la suite, il prend l'appellation  de « Média Vacance ».
    Qu'il s'appelle « Regard sur les vacanciers » ou « Média vacance », le but visé est de « permettre aux jeunes vacanciers de se distraire autrement tout en se faisant valoir, de les intéresser aux activités des médias,  d'éveiller leur esprit de curiosité et de susciter d'éventuelles  vocations au métier du journalisme »
    Comment participer au programme ? Il faut avoir au moins le niveau de la classe de seconde et être au plus en classe de terminale. Ces deux dernières années, le programme a été ouvert aux étudiants.
    Ainsi, chaque année, au mois de juillet, le processus est lancé à travers un communiqué publié durant plusieurs jours dans le journal « Le Matinal ». Au terme des inscriptions, les postulants sélectionnés sur la base d'un dossier composé d'une demande et d'un  bulletin de note du second semestre ou à défaut de celui du premier semestre sont convoqués pour une rencontre de concertation et un entretien avec le responsable du programme. De la première édition de 1998 à la sixième en 2003, entre 25 et 30 vacanciers sont retenus pour suivre le programme qui s'étale sur les mois d'août et de septembre.
    Le groupe est scindé en quatre ou cinq sous-groupes, qui sont  de petites rédactions. Les membres se concertent, définissent les sujets ou thèmes à traiter et se répartissent les tâches.  Chaque sous-groupe est suivi par un journaliste. L'ensemble des sous-groupes est sous la tutelle d'un coordonnateur qui veille à la coordination du travail et à l'édition de la page quotidienne  attribuée aux vacanciers et connue sous le nom de  « Page Média Vacance »
    Dans le cadre de « Média Vacance », le contenu du programme exécuté n'est pas statique. Chaque année, il fait l'objet d'innovation et d'actualisation.
    En 2003, le programme s'est articulé autour de trois axes.
    • Activités journalistiques. Ce volet prend en compte la collecte, le traitement, et la diffusion de l'information.
    • Echanges hebdomadaires. Ce volet comme son nom l'indique est un cadre d'échanges entre les vacanciers et des personnalités du monde politique, socio-culturel, administratif et économique...
    • Les sorties culturelles et pédagogiques. Cet aspect du programme consiste à visiter d'autres départements du « Groupe de presse Le Matinal » comme la radio Océan FM ou  «L'imprimerie le Matinal ». C'est dans ce cadre que s'inscrivent les visites à d'autres organes de presse ou service de radiodiffusion. Avant la naissance de Océan FM, Capp FM était la radio visitée par les vacanciers.
    Mais avant toute chose, les vacanciers bénéficient d'une formation qui s'étend sur une dizaine de jours. En 2003 par exemple, ils ont suivi entre autres communications celle portant sur « Les principes fondamentaux de l'écriture journalistique » animée par le journaliste Armand Hountondji. (Conférer l'article «Programme Média Vacance : l'édition 2003 a démarré», Matinal  N° 1613 page 11 )
    Dans le cadre des activités journalistiques, les articles écrits par les « médias-vacanciers » sont publiés sur une page spéciale affectée à eux.
    Depuis 2000, il est institué au terme du programme un concours de la meilleure production. Chaque bénéficiaire du programme choisit librement un sujet de reportage ou d'enquête. Les articles rédigés sont corrigés sous anonymat par un aîné de la profession qui est en même temps le parrain de la promotion. En 2000 ce fut Jérôme Carlos, Directeur de CAPP FM, en 2002,  Edouard Loko, président de l'Observatoire de la déontologie et de l'étique  dans les médias (ODEM) puis en 2003,  Akouété Assévi, directeur de publication du journal « La Nation », un organe du service public.
    Les trois meilleurs textes dans l'ordre de mérite sont primés. Les lauréats reçoivent les prix au cours de la cérémonie de clôture du programme. A la même occasion, les attestations de participation sont remises à tous les vacanciers ayant pris part au programme.

    II – Evaluation du programme Média vacance

    En six années d'édition, le programme Média vacance a permis :
    • D'initier plus de 160 vacanciers au métier du journalisme en leur ouvrant les  portes de la rédaction du journal « Le Matinal », mais aussi celles d'autres journaux et radios. Plus de 90% des bénéficiaires sont des élèves.
    • D'élargir le champ de la connaissance des bénéficiaires du programme Média vacance, en faisant des reportages et enquêtes, puis en échangeant avec plusieurs personnalités comme le professeur Albert Tévoédjré avant sa nomination au poste de représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Côte d'Ivoire ; l'écrivain béninois Florent Couao-Zotti ; le ministre de la Santé publique Mme Céline Seignon Kandissounon ;  l' ancien ministre de la Justice et président du Parti national Ensemble Joseph Gnonlonfoun ; le professeur Antoine Dadélé, membre fondateur du Festival international des théâtres du Bénin (Fitheb)  et enseignant à l'Ecole nationale d'administration (ENA) pour ne citer que ceux-là
    • De susciter des vocations au métier du journalisme. Plusieurs parmis les "média-vacanciers" de la première génération exercent aujourd'hui dans les organes de presse à Cotonou et au-delà des frontières béninoises. C'est le cas de Fosta Kokodé qui collabore aujourd'hui avec RFI. A l'instar de Fosta Kokodé, Linda Fatigba a bénéficié du programme de 1998. Elle a travaillé à l'agence PANA de Dakar, ensuite à la cellule de communication de Plan international de la même ville avant de s'envoler au Canada où elle poursuit ses études en communication. A la rédaction du journal « Le Matinal », on compte trois permanents qui sont des produits du programme  « Média Vacance ». A Océan FM, la radio du « Groupe de Presse le Matinal » l'un des présentateurs vedettes  en la personne de Thierry Sossou est un pur produit du programme « Média Vacance ». D'autres bénéficiaires monnaient leur talent ailleurs. Certains comme Gilles Tchédji à l'Institut des sciences de l'information et de la communication (ISSIC)  au Sénégal poursuivent leur formation.
    • Au niveau des parents, on a pu identifier une certaine satisfaction. Ils sont très nombreux à prendre part aux cérémonies de remise des attestations de participation aux vacanciers.
    • Depuis la première édition, certains établissements comme le Lycée Béhanzin à Porto-Novo écrivent officiellement pour solliciter la participation des élèves.
    • On a pu noter aussi que des vacanciers viennent de l'intérieur du pays pour prendre part au programme. C'est le cas de l'actuel correspondant du journal « Le Matinal » et de la radio Océan FM à Dogbo, ville située à plus de 100 km à l'ouest du Bénin. De même, une élève venue d'Allada, 70 km environ de Cotonou a bénéficié du programme en 2003. Il faut noter que beaucoup d'élèves des villes situées à l'intérieur du Bénin souhaitent découvrir les réalités des rédactions, mais parce qu'ils n'ont pas de parents à Cotonou pour les héberger durant les quelques semaines que dure le programme, ils ne peuvent concrétiser leur rêve
    • Si le Matinal avait les moyens, à savoir : assurer le déplacement, l'hébergement, les soins sanitaires en cas de maladie, assurer le repas quotidien durant  deux mois environ,   il serait bien possible de prendre un vacancier par département. Le Bénin en compte 12. On pourra ainsi sélectionner en dehors de Cotonou 11 vacanciers venus de l'intérieur du pays afin de leur donner la même chance d'éducation que leurs camarades des villes  de Cotonou et de Porto-Novo. Nous saisissons cette occasion pour demander aux partenaires aux développements du secteur de l'éducation de nous appuyer pour que ce projet de prise en charge des 11 vacanciers prenne corps.
    • Le programme Média Vacance a inspiré d'autres journaux comme  « Fraternité » et  « Les Echos du Jour » qui se sont lancés aussi dans l'aventure.
    • Mais on ne saurait mettre fin à cette évaluation sans faire cas des difficultés rencontrées au cours des 6 éditions réalisées jusqu'aujourd'hui. Il s'agit de l'exiguïté de l'espace, de « l'envahissement » des journalistes, de manque de moyens pour la prise en charge des élèves ressortissant de l'intérieur du pays, du suivi des élèves à l'école pour mesurer l'impact de leur formation sur leurs camarades et sur eux-mêmes.

    III - Radio Vacance de l'Office de la radiodiffusion et de la télévision du Bénin (ORTB) : un autre projet du genre Média vacance

    On peut sans prendre trop de risque que c'est la version radio du programme Média Vacance. Ce programme a vu le jour en 1992 sous le nom « Antenne vacance ». Aujourd'hui, il est connu sous le nom « Radio Vacance. La différence fondamentale avec l'expérience du journal « le Matinal » est qu'il faut avoir absolument le Bac avant d'être bénéficiaire de Radio Vacance.
    Pourquoi un programme Radio Vacance ? Le directeur de la radio nationale (Office de la radiodiffusion et de la télévision du Bénin)  El Hadj Mouftaou Leady, ancien directeur des programmes, indique que ce « programme vise à accroître l'audience de la radio en organisant des animations de la radio par des vacanciers. Mais le choix est rigoureux précise-t-il car n'importe qui ne peut intervenir à la radio et le travail de la radio ne consiste pas à venir faire le disc joker (DJ) .
    Les inscriptions sont ouvertes en juillet. Il est permis même aux vacanciers de s'inscrire sous réserve du succès au bac.
    Selon le directeur de la radio nationale (Office de la radiodiffusion et de la télévision du Bénin)  El Hadj Mouftaou Leady, ancien directeur des programmes, « il y a chaque année 200 à 300 personnes qui s'inscrivent y compris des étudiants»
    Après la sélection présidée par un jury, 25 à 30 vacanciers sont retenus.
    Ils suivent une formation de 10 jours qui met entre autres l'accent sur : les gestes usuels en radio ; le flash ; le conducteur ; l'animation radiophonique ; la programmation musicale ;  la production radiophonique ; l'écriture radiophonique ; le montage audio ...
    Après la formation, les vacanciers sont répartis en 4 groupes.
    Trois  interviennent sur la chaîne nationale et le quatrième  sur la deuxième chaîne, Atlantique  FM qui a une audience moindre que la nationale.
    Ils sont soumis à un programme le matin de 10h 30 à 12h 05 et l'après-midi  de 15 h 30 à 17h00. Le contenu est clair et les vacanciers s'organisent pour la répartition des tâches (voir annexe)
    Le programme dure 35 jours ouvrables. Il est sanctionné par la remise d'attestation aux participants
    En guise d'évaluation, le programme « Radio Vacance » a permis de déceler des talents qui exercent aujourd'hui à la radio nationale et dans d'autres radios du secteur privé.

    Voilà mesdames et messieurs quelques expériences d'éducation aux médias au Bénin que je voulais partager avec vous. Toutefois, il faut noter qu'il  y a des collèges comme la Haute Ecole de Commerce et de Management ou encore le collège « Le Bon Berger » ou encore le collège « Notre Dame des Apôtres » qui pratiquent d'une façon ou d'une autre l'Education aux médias, en éditant des journaux scolaires. Il convient de capitaliser également l'expérience du Lycée Technique de Cotonou qui a initié une radio qui émet en modulation de fréquence dans l'enceinte du Lycée. D'autres expériences comme les journaux d'étudiants et la radio des étudiants existent mais n'entrent pas dans le cadre de la présente étude.

    Séminaire régional sur le thème « L'Education aux médias, une opportunité pour l'enseignement de la citoyenneté ? »
    UNESCO –BREDA, les 29, 30 et 31 mars 2004

    Thème : « L'Education aux médias : l'expérience du Bénin », présenté par Hippolyte DJIWAN,
     
    (1)  Le quotidien « Le Matinal »  est créé le 26 décembre 1997 par une dizaine de journalistes démissionnaires d'un autre quotidien. Il appartient au « Groupe de Presse le Matinal »


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