• Message du président Boni YAYI à l’Assemblée Nationale sur l’état de la Nation.

    -         Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale ;
    -         Madame le Président de la Cour Constitutionnelle ;
    -         Monsieur le Président de la Cour Suprême ;
    -         Madame le Président de la Haute Cour de Justice ;
    -         Monsieur le Président du Conseil Economique et social ;
    -         Monsieur le Président de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication ;
    -         Monsieur le Grand Chancelier de l'Ordre National du Bénin ;
    -         Honorables Députés à l'Assemblée Nationale ;
    -         Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
    -         Excellences, Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique et Consulaire ;
    -         Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;
    -         Monsieur le Chef d'Etat Major Général des Forces Armées Béninoises ;
    -         Mesdames et Messieurs les Sages et Notables de le la ville de Porto-novo ;
    -         Mesdames et Messieurs ;

    En ce moment où pour la première fois depuis mon investiture je prends la parole devant votre auguste assemblée, je voudrais, Monsieur le Président, avant tout remercier toutes les Institutions de la République , pour la part active que chacune d'elles prend dans l'enracinement de l'Etat de droit et de la démocratie dans notre pays.
    Dans le strict respect des dispositions de notre Constitution en son article 72, alinéa 1er et conformément à la tradition établie, je m'acquitte de l'agréable devoir de m'adresser à la Représentation Nationale ,  pour présenter l'état de la Nation , mais surtout pour évoquer  les mesures que mon Gouvernement entend prendre au cours des prochaines années pour améliorer la situation économique, sociale et politique de notre pays, dont le peuple est animé par tant d'espérances, de rêves et  d'ambitions pour une vie commune moins difficile. 
     
    Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale ;
    Honorables Députés ;
    Mesdames et Messieurs ;
    Comme nous le savons tous, la situation de notre pays s'est considérablement dégradée ces dernières années sur les plans économique, financier, social et politique en raison de profondes difficultés qui ont jalonné sa marche vers le progrès et la prospérité.
    En accédant à la magistrature suprême en avril 2006, la situation des finances de l'Etat était difficile, vraiment difficile caractérisée par :
    ·        une importante accumulation d'arriérés de paiement intérieurs ;
    ·        une utilisation abusive de la procédure exceptionnelle des ordres de paiement ;
    ·        le non respect des procédures d'engagement des dépenses publiques ;
    ·        une forte tension de la trésorerie de l'Etat.
     
    De même, l'évaluation des politiques mises en œuvre ces dernières années a révélé une faiblesse de la croissance et une forte vulnérabilité de l'économie.
    Le taux de  croissance moyen réalisé au cours de la période 2003- 2005 a été de 3,3% contre un objectif d'au moins 7%, nécessaire pour espérer réduire la pauvreté dans notre pays. Ce ralentissement est principalement imputable :
    ·        à la perte de compétitivité du port de Cotonou ;
    ·        au coût élevé des facteurs de production (électricité, téléphone, eau) ;
    ·        à la désorganisation de la filière coton, dont la production a chuté de près de 75% ;
    ·        aux dysfonctionnements au niveau des secteurs de l'énergie, de l'eau et des télécommunications, qui n'arrivent pas à répondre convenablement aux besoins des consommateurs et des entreprises, obérant ainsi la compétitivité de l'économie nationale.
    ·        aux mesures protectionnistes de l'environnement régional et international.
     
    Par ailleurs, le faible taux de croissance n'a pas permis d'améliorer le revenu des populations, d'honorer les engagements de l'Etat vis-à-vis des travailleurs, de faciliter l'accès des couches vulnérables à l'éducation, aux soins de santé primaires et à l'eau potable.
     
    Enfin, il est aisé de noter chez bon nombre de nos compatriotes, une forte démotivation et une réelle démobilisation par rapport aux enjeux du développement économique de notre pays. Le sens de la récompense du travail bien fait a cédé la place à la propension au gain facile et à l'enrichissement illicite. Le respect du bien public s'est considérablement altéré, l'incivisme a vraiment atteint des proportions inquiétantes et le patriotisme fortement émoussé. L'absentéisme et les retards sont devenus monnaie courante dans l'Administration publique. Dans ces conditions, on comprend alors que l'autorité de l'Etat soit absolument bafouée au quotidien.
     
    Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale ;
    Honorables Députés ;
    Mesdames et Messieurs ;
     
    Face à cette situation particulièrement difficile pour laquelle les béninois et les béninoises attendaient des réponses immédiates et appropriées, le Gouvernement s'est mis résolument au travail dès avril 2006, en orientant son action sur deux fronts :
    -         la résorption rapide de la situation de crise que connaissait le pays, à travers la mise en œuvre d'actions énergiques à la mesure de l'urgence et de la gravité des difficultés observées ;
    -         la conception ainsi que la mise en œuvre des politiques structurelles pouvant relancer à terme l'économie et accélérer le rythme de création de richesses, en vue de la réduction de la pauvreté. 
    Ces mesures d'urgence ont concerné tous les secteurs d'activité et ont permis de lever l'essentiel des difficultés notées. Au nombre des actions menées, on peut citer :
     
    -         l'assainissement effectif des finances publiques afin d'en faire un levier de développement ;
    -         la résolution progressive des difficultés d'approvisionnement en produits pétroliers, véritable goulot pour l'économie ;
    -         la réorganisation des activités et l'amélioration progressive de la gouvernance du secteur portuaire avec pour effet la restauration progressive de la compétitivité et l'accroissement du volume des activités ;
    -         l'apurement total des dettes dues aux producteurs de coton afin de sauver cette filière qui est le principal moteur de notre économie ;
    -         la réorganisation des activités et l'amélioration progressive de la gouvernance du secteur des télécommunications, dans l'espoir d'offrir des prestations de meilleure qualité à nos populations ;
    -         la création d'un fonds de microfinance dont le rôle sera de faciliter l'accès des plus pauvres aux services financiers et l'insertion des jeunes et des femmes à l'emploi ;
    -         la conduite des discussions avec les partenaires sociaux qui ont abouti à un consensus minimal permettant d'améliorer les conditions de travail des travailleurs, tout en tenant compte des difficultés actuelles de l'Etat.
    De même, l'état des lieux des relations de notre pays avec la communauté internationale a révélé que le Bénin, en dépit de ses nombreux atouts, ne jouait pas suffisamment le rôle qui était le sien en tant que pays démocratique phare en Afrique et dans le Monde. Ce constat a rendu urgent le déploiement d'une diplomatie offensive et volontariste à travers  les différentes régions du Monde, que j'ai personnellement conduite au nom de la Nation pour :
    -         repositionner notre pays dans le concert des Nations ;
    -         remobiliser l'intérêt de la communauté internationale en faveur du Bénin ;
    -         témoigner la gratitude de notre peuple aux peuples frères qui nous soutiennent ;
    -         faire connaître le Bénin par les investisseurs étrangers, dont la contribution à l'effort de relance de notre économie sera décisive pour impulser une croissance forte, vigoureuse et partagée.
     
    Je voudrais, du haut de cette tribune, exprimer ma reconnaissance et celle du peuple béninois pour l'appui que ne cessent de nous apporter les partenaires au développement dans notre dynamique du changement. Par ma voie, le Bénin exprime toute sa reconnaissance au Corps Diplomatique et hauts responsables des institutions internationales accrédités au Bénin qui n'ont cessé de déployer leurs efforts pour accompagner son peuple dans sa quête au bien être social et économique.
     
    Au-delà de ces actions menées par le Gouvernement, il est apparu impératif d'élaborer la politique économique dont la mise en œuvre devra soutenir l'ambition de faire du Bénin un pays émergent. En conséquence, le Gouvernement a retenu, pour le quinquennat 2006-2011, six principales orientations stratégiques, susceptibles de fournir un cadre de référence offrant à tous les acteurs les repères nécessaires pour l'action économique du Gouvernement. Ces orientations sont des choix structurels fondamentaux qui s'inscrivent dans des perspectives de moyen et longs termes et traduisent la vision du  changement.

    Elles portent sur :

    -         la valorisation du capital humain ;
    -         la reconstruction d'une administration moderne et efficace, exemplaire en terme de gouvernance ; une administration publique de développement au service de l'intérêt général et de la promotion du secteur privé ;
    -         l'assainissement du cadre macroéconomique et le maintien de sa stabilité ;
    -         la promotion du renouveau économique ;
    -         la poursuite résolue des réformes structurelles, notamment dans les secteurs du port, des télécommunications, de l'énergie électrique, de l'eau ;
    -         la promotion du développement équilibré et durable de l'espace, à travers le développement à la base.
     
    Conscient que l'amélioration de la compétitivité de notre économie et l'accélération de la croissance constituent des conditions nécessaires à la réduction de la pauvreté, le Gouvernement a, par ailleurs, opté pour l'élaboration d'une stratégie de croissance accélérée et de réduction de la pauvreté, sur la période 2007-2009. Cette stratégie constitue le cadre de référence pour le dialogue avec les partenaires techniques et financiers en vue de la mobilisation et de la coordination des ressources.
     
    Mesdames et Messieurs ;

    Comme vous le savez, j'ai à maintes reprises affirmé ma profonde conviction selon laquelle la bonne gouvernance des affaires publiques et la lutte contre la corruption doivent être retenues comme des axes majeurs préalables et prioritaires de la vision du changement.  C'est pourquoi, pour donner l'exemple, j'ai invité tous les membres de mon équipe  à adopter et signer publiquement la charte de fonctionnement du Gouvernement. J'ai, par ailleurs, personnellement veillé au respect scrupuleux des dispositions de l'article 52 de la Constitution qui astreignent tous les membres du Gouvernement à la déclaration formelle de leurs biens.
     
    Ce sont là des signaux forts que l'équipe gouvernementale a voulu donner à tous nos compatriotes et aux partenaires au développement, afin de bien faire comprendre que la qualité de la gouvernance ainsi que la transparence dans la gestion des affaires publiques constituent des pré requis  au développement et à la prospérité partagée.
     
    J'ai également compris que le peuple béninois, en m'accordant sa confiance, le 19 mars dernier, pour assumer la haute fonction à la tête de notre pays, a largement exprimé son aspiration à voir mettre en œuvre une politique de développement qui favorise l'amélioration du bien-être et des conditions de vie de toutes les couches sociales. J'ai aussi compris que le peuple Béninois, par la même occasion, a accepté de partager la dynamique du changement que je proposais à savoir : changement des mentalités, changement des pratiques et comportements, changement des conditions de vie et de travail des populations.
     
    L'opportunité m'a déjà été donnée de partager avec vous la vision que j'ai pour notre pays. Je veux d'une société où hommes, femmes et enfants vivent heureux et en paix, dans une Nation véritablement démocratique, unie et solidaire, partenaire visible et reconnu dans l'œuvre de progrès des Nations du monde.
     
    C'est dire que mon ambition est de faire du Bénin un pays prospère, qui attire les investissements, accélère sa croissance économique et en redistribue équitablement les effets induits, un pays qui s'intègre avec succès dans l'économie mondiale grâce à ses capacités d'échanges.
     
    -         Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
    -         Honorables Députés,
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    Pour réaliser cette vision, il nous faut :
     
    -         maintenir la stabilité politique, consolider les acquis démocratiques et promouvoir la paix ;
    -         relever le défi du capital humain à travers la qualité du système éducatif et du système de santé ainsi que la restauration des valeurs éthiques ;
    -         faire du Bénin un pays émergent.
     
    Notre pays connaît en effet, depuis la Conférence Nationale des Forces Vives de février 1990, un contexte politique apaisé, avec un multipartisme intégral et une éclosion significative des organisations de la société civile. Ces acquis démocratiques méritent d'être consolidés, tout autant que l'élévation de la conscience citoyenne et patriotique de tous.
     
    C'est le lieu de saluer publiquement le courage et l'engagement des travailleurs et des partenaires sociaux pour leur combat en vue de l'avènement dans notre pays d'une société plus juste, déterminée à travailler davantage pour le bonheur de tous les béninois. J'associe à cette reconnaissance les Partis politiques, la Société civile et la presse dont la vitalité témoigne du combat permanent du peuple béninois pour l'état de droit.
     
    Je voudrais aussi, en ces lieux et en cette occasion privilégiée, au nom de la Nation toute entière,  vous inviter à vous joindre à moi pour témoigner la gratitude de notre peuple à ses dignes fils qui m'ont précédé à la tête de notre Etat et dont le patriotisme et le savoir-faire ont permis de bâtir et de consolider cette démocratie qui fait aujourd'hui la fierté de tous les béninois.
     
    La promotion du dialogue politique et du dialogue social participe du renforcement de la gouvernance concertée, gage de paix et facteur essentiel du développement. Dans cette logique, j'ai organisé plusieurs séances de travail avec les différentes catégories socioprofessionnelles, notamment les acteurs du secteur agricole, les spécialistes de la santé, les agents des régies financières, certains commerçants  informels et les opérateurs portuaires.
     
    J'ai effectué plusieurs visites dans les différentes contrées de notre pays et les Ministres se sont également rendus à maintes reprises sur le terrain, en vue de prendre contact directement avec les populations et de faciliter leur écoute ainsi que leur accès à l'information nécessaire à la compréhension de l'action gouvernementale et à leur participation à l'effort national de développement.
     
    De même, la diversité des médias, les émissions interactives, les espaces de dénonciation et d'interpellation sur les radios ainsi que le passage périodique des Ministres sur les antennes publiques et privés pour expliquer l'action du Gouvernement sont autant de mécanismes de participation qui favorisent la consolidation de la démocratie béninoise.
     
    La force d'une Nation dépend de la qualité de ses hommes ; A cet effet, nous nous sommes engagés à améliorer les performances de notre système éducatif de façon à permettre à tout béninois de pouvoir lire, écrire, compter et calculer. La gratuité de l'école maternelle et primaire publique par la suppression des contributions et souscriptions, devenue effective depuis la rentrée scolaire est la première marque de notre engagement résolu en vue de sortir nos populations de l'analphabétisme. Cette mesure qui procède d'une analyse approfondie de la situation dans laquelle se trouve l'école béninoise a été renforcée par la décision du Gouvernement de prendre en charge les salaires de tous les enseignants communautaires et d'étendre leur rémunération à 12 mois au lieu de 10 comme précédemment. De même, les dispositions sont en cours pour la généralisation des cantines scolaires dans tous les établissements primaires partout où cela sera nécessaire. En raison de la nécessité de transparence et de rigueur qui doivent désormais guider nos comportements en matière de gestion des ressources publiques, le Gouvernement lancera en janvier prochain une opération de « recensement-paiement » sur toute l'étendue du territoire national afin de cerner avec précision l'ensemble des bénéficiaires de ces différentes mesures. Un mécanisme permanent de suivi-évaluation sera mis en place pour s'assurer de l'efficacité de ces mesures.
     
    Au-delà de l'éducation de base, l'accent sera mis sur la formation professionnelle, en relation avec les secteurs économiques porteurs de croissance ainsi que sur la formation secondaire et universitaire et la recherche scientifique et technologique. Toutes ces questions ainsi que toutes les autres ayant trait à l'Education seront examinées lors d'un Forum national qui leur sera consacré très prochainement.
    A la sortie de ce forum la Nation doit être rassurée sur les stratégies devant garantir la qualité de l'enseignement, la qualité du matériel pédagogique et la qualité des infrastructures.
     
    Mesdames et Messieurs
     
    Le rêve de bâtir dans notre pays, un système éducatif performant pour notre jeunesse doit se traduire concrètement et progressivement dans la réalité. C'est pour cela que la jeunesse qui constitue l'avenir de la Nation , est au centre des préoccupations de mon Gouvernement ; elle doit être éduquée ; elle doit être instruite mais elle doit aussi être soignée. Aussi, une mesure qui aura également valeur de symbole est-elle en étude et vise à rendre possible le bénéfice de la gratuité des soins de santé primaire aux enfants de moins de cinq (05) ans. Elle sera renforcée par de nouvelles actions énergiques de lutte contre les grandes endémies, notamment le paludisme.
     
    Par ailleurs, vous avez pu vous rendre à l'évidence que nos mères, nos épouses, nos sœurs, et nos filles vivent aussi bien à la campagne qu'en ville dans des situations difficiles alors qu'elles sont au centre de toutes les activités de production. Le moment est venu de mettre fin à cette injustice. A cet effet, des moyens importants continueront d'être mis à la disposition du Ministère de la Femme et de l'Enfant et de celui que j'ai spécifiquement créé et Chargé de la microfinance.
     
    -         Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
    -         Honorables Députés,
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    Il n'y a pas de développement sans paix et la paix se nourrit de valeurs éthiques de référence. A cet égard, je voudrais partager avec chacun et  chacune de vous, la préoccupation de mon Gouvernement, d'oeuvrer inlassablement :
    -         à préserver et renforcer le consensus politique établi ;
    -         à assurer le fonctionnement harmonieux des institutions de la République ;
    -         à promouvoir la culture des valeurs éthiques de justice, de travail, de civisme et de bonne gouvernance et
    -         à soutenir les choix et orientations stratégiques de développement définis.
     
    La paix suppose également la sécurité des biens, des personnes et des activités.
    Sur ce plan, force est de constater que depuis quelques temps, on observe dans notre pays et principalement à Cotonou, la recrudescence d'actes crapuleux et criminels qui mettent en péril la vie et la quiétude de nos populations et qui risqueraient de contribuer à ternir l'image de notre pays, notamment auprès des investisseurs potentiels.
    Face à cette situation, le Gouvernement vient d'adopter un train de mesures appropriées pour rétablir dans les plus brefs délais un climat de sécurité et de quiétude. Au cœur de ces mesures se tiennent la  création d'un Conseil National de Sécurité, garante d'une vision claire et de la stratégie opérationnelle de sécurité dans notre cher pays. J'attends de nos forces de sécurité et de défense et du personnel de commandement, une administration de la sécurité qui rassure le citoyen. J'invite les élus locaux à faciliter par leurs diligentes implications la mise en œuvre des mesures exceptionnelles décidées.

    La paix étant un bien précieux et collectif et la sécurité n'ayant pas de prix,  j'exhorte tous mes compatriotes notamment les chefs de village et de quartiers de ville pour que leur collaboration ne fasse pas défaut par leur adhésion à la vision sécuritaire et par les informations utiles à communiquer aux structures appropriées.
     
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    L'année 2006, année de transition, a été consacrée à baliser le chemin du renouveau économique. Le Budget général de l'Etat pour l'exercice 2007 va assurer la transition vers la réalisation progressive de notre vision pour le développement du Bénin.
     
    Les perspectives qu'il décline pour 2007 prévoient un taux de croissance de 5% à 6%, contre 4,5% en 2006.
     
    Ce budget dont nous nous réjouissons du vote par votre auguste Assemblée sera soutenu par un taux d'investissement estimé à 20,5% du PIB, dont  6% pour le taux d'investissement public et un taux d'épargne intérieure évalué à 10,7%.
     
    En ligne avec les orientations stratégiques de la nouvelle vision, les principales options de ce budget, sont conformes à l'objectif central du Gouvernement à savoir la conduite de l'économie nationale sur le sentier de la croissance accélérée, soutenue et à deux chiffres pour faire du Bénin, à l'horizon 2011, un pays émergent dans la sous-région.
    A ce sujet, mon Gouvernement ambitionne de mettre en œuvre des politiques permettant de relever d'ici quatre ans le niveau du revenu moyen par tête d'habitant de 314 000 FCFA (628 dollars) 500 000 FCFA (1000 dollars), jetant les bases pour atteindre d'ici 2025 un scénario optimiste de l'ordre de 1 174 000 FCFA soit 2 348 dollars US soit encore 4 fois le revenu moyen de chaque citoyen béninois aujourd'hui.
     
    -         Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
    -         Honorables Députés,
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    Sortir de la pauvreté exige de nouvelles orientations, capables de développer tous nos atouts et aptes à placer le Bénin sur les chemins d'une croissance forte et durable. Aujourd'hui, nous devons travailler à offrir à chaque béninois et à chaque béninoise de réelles opportunités d'emploi et de revenus par la création d'entreprises et d'activités économiques viables. Nos efforts de développement s'inscrivent dans une démarche participative ; les communes prendront une part active dans ce processus avec le transfert des compétences pour lequel il est envisagé la tenue prochaine d'un forum avec les Maires.
     
    Le Bénin dispose de nombreux atouts que sont sa stabilité politique et sa culture démocratique, son potentiel de développement agricole et touristique, ses ressources humaines ; mais également une position géographique de premier plan du fait de sa position de carrefour naturel d'échanges avec les pays de l'hinterland et entre l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale.
     
    Ce sont ces atouts et ce potentiel que nous devons convertir en richesses à travers des stratégies appropriées.
     
    Les activités de transport, de logistique et de commerce devront y occuper une place de choix. La modernisation de notre port, la mise à niveau de ses équipements, la concrétisation des projets du second port et du second aéroport, la construction de ports secs, le développement de services et d'infrastructures de transport de qualité, la réhabilitation de l'Organisation Commune Bénin-Niger des Chemins de fer et des Transports (OCBN), l'interconnexion des réseaux de chemins de fer et des nouvelles technologies de l'information et de la communication sont une exigence prioritaire dans notre stratégie d'une croissance forte et durable. Notre chaîne logistique doit devenir une référence au niveau régional. Elle doit, d'ici quelques années, nous permettre de bâtir une plateforme régionale dynamique avec des activités diversifiées d'emballage, de conditionnement, d'entreposage, d'intermédiation et de financement. C'est à cet objectif qu'il faut lier l'ambition que je nourris de faire du Bénin le « Hong Kong » de notre sous-région.
     
    C'est cette même bataille de la compétitivité qui portera notre ambition de développement du secteur cotonnier. Nous continuerons à nous battre avec les autres pays africains producteurs pour obtenir une juste rémunération du coton. Mais nous nous battrons aussi pour produire un coton de meilleure qualité, avec un meilleur rendement et mieux valorisé sur les marchés internationaux. Bien sûr notre industrie textile retiendra également notre attention afin que nos capacités de création soient exploitées pour une plus grande transformation et valorisation de notre coton dans le cadre de la stratégie régionale de valorisation de ce secteur important de l'Economie de l'UEMOA.
     
    L'effort de diversification de l'agriculture dans laquelle la Nation s'engage doit garantir à terme la sécurité alimentaire. Dans le cadre de la coopération Sud Sud, tous nos villages recevront l'appui de la communauté internationale en terme de ressources financières humaines, technique et technologiques.
    La prochaine valorisation de nos vallées, notamment la vallée de l'Ouémé et la vallée du Mono participe de cette vision.
    Notre agro-industrie, nos fruits et légumes, nos produits forestiers et vivriers, des produits souvent fragiles et périssables, bénéficieront de nouveaux équipements et infrastructures permettant de les rendre plus compétitives. Notre vaste potentiel agro-industriel doit dans les prochaines années être visible sur les marchés régionaux et internationaux, grâce à une plate-forme logistique d'exportation de premier rang.
    La stratégie de consommer local doit être également au fronton de nos préoccupations. Mon gouvernement vient de s'engager dans cette direction en décidant que notre administration ne consomme que les meubles produits localement. Cette option sera renforcée par la stratégie de reboisement au niveau national.
    Les secteurs, l'agriculture et l'agro-industrie sont pour moi prioritaires, car ils enrichiront nos paysans et nos campagnes ; ils sont prioritaires car ils nous aideront à préserver notre environnement.
    Le secteur du bâtiment et des travaux publics bénéficiera également de l'ensemble des grands travaux de l'Etat que j'ai initiés, notamment :

    -         la construction de la Cité de l'Espoir et d'une cité administrative à Cotonou ;
    -         la construction de l'autoroute Cotonou-Bohicon, et de plusieurs autres axes routiers ;
    -         la construction de trois échangeurs à Cotonou ;
    -         la construction d'un second port à Cotonou et d'un port sec à  Bohicon et à Parakou ;
    -         la réalisation des travaux de réhabilitation et la construction d'un échangeur à Porto-novo, notre capitale politique ;
    -         la construction d'hôtels 5 étoiles à Cotonou ;
    -         la construction de l'aéroport de Parakou ;
    -         Les écoles, les centres de santé, les routes, les pistes rurales ;
    -         la construction de 30.000 logements sociaux destinés aux  populations les plus démunies occupant aujourd'hui les zones les plus impropres à l'habitation, lesquelles seront assainies et aménagées en espaces verts propices aux activités de loisirs ;
    -         La construction de 2 cimenteries ;
    -         et bien d'autres travaux pour lesquels les études et la recherche de financement sont en cours.
     
    Ces travaux, réalisés dans le cadre d'un ambitieux plan d'aménagement du territoire, dessineront les contours du Bénin émergent.

    Naturellement, la réalisation d'une telle ambition pose le problème de son financement. En effet, les études effectuées indiquent que la mise en oeuvre de ce programme, exige un taux d'investissement global moyen de 30% du PIB contre en moyenne 20% actuellement. A cet effet, la stratégie de financement qui sera adoptée privilégiera la promotion des Partenariats Public/Privé (PPP). C'est ce qui justifiera l'adoption dans les mois à venir d'une législation spécifique  pour régir les conditions de signatures des contrats de Partenariat Public/Privé dans un esprit de sécurisation des parties, de partage des risques et d'optimisation de l'exploitation des infrastructures. Les contacts pris jusque là avec les différents partenaires et l'intérêt qu'ils portent actuellement à notre pays nous confortent dans cette option.
     
    Le tourisme est un autre domaine dans lequel nous devons réveiller notre potentiel. Ce secteur est devenu la première industrie mondiale, avec 600 millions d'emplois et près de 10% du PIB mondial, mais reste très faiblement exploité chez nous. Nous allons donc nous donner les moyens de faire du Bénin une destination originale, autour de notre culture, de nos côtes, de notre patrimoine historique et naturel mais également par le sens de l'accueil du peuple Béninois.
    Le projet « route des pêches » y contribuera. Au surplus, la position du Bénin lui ouvre des perspectives intéressantes pour un développement important du tourisme d'affaires, soutenu par l'intense activité économique autour de notre port.
    Ma vision intègre parfaitement notre Culture et nos valeurs parce que je suis profondément attaché à la grandeur de notre Nation et convaincu qu'aucun peuple ne peut se développer harmonieusement en faisant l'impasse sur la conservation et la promotion de sa culture. La récente commémoration du centenaire de la mort du roi BEHANZIN nous donne la preuve, s'il en était besoin, que la Nation béninoise doit se réconcilier avec elle-même pour être plus forte et plus à même de faire face efficacement aux défis du changement. C'est pourquoi, j'ai instruit mon Gouvernement pour procéder immédiatement à la délimitation des aires culturelles de notre pays, d'en faire l'étude pour dégager le contenu précis de notre patrimoine culturel, la poursuite du programme de réhabilitation des palais royaux et l'identification du site de construction du Théâtre National.

    Ce sont là quelques lignes forces de la Vision économique que je souhaite mettre en œuvre pour le Bénin, afin de l'extraire progressivement de la pauvreté et de donner à nos populations plus d'emplois, de revenus et de bien-être. C'est au partage et à la concrétisation de cette vision que je convie votre auguste Assemblée et la Nation toute entière.
     
    -         Monsieur le Président,
     
    Je suis convaincu que nous allons ensemble assurer l'amélioration du bien-être auquel nos populations aspirent avec la mise en œuvre effective des réformes visant à instaurer et à renforcer une gouvernance de qualité dans tous les domaines de la vie publique. A cet égard, notre responsabilité est grande. Nous ne devons en aucune manière décevoir notre foi en un Bénin nouveau et en une Afrique nouvelle, de prospérité, de paix avec les pays voisins, plus que jamais solidaires.
    S'agissant particulièrement des relations avec nos voisins, je voudrais rappeler que la situation au niveau de nos frontières souffre de quelques difficultés de délimitation. Il est heureux de constater qu'en dépit de cela, nos populations vivent en parfaite harmonie grâce aux politiques de bon voisinage conduites par les dirigeants de nos pays respectifs. Le Gouvernement utilisera la voie pacifique pour surmonter ces difficultés qui en aucun cas ne devraient être source de conflits.  
     
    -         Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
    -         Honorables  Députés, 
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    J'entends préserver les bonnes relations entre l'Exécutif et les autres Institutions de la République en particulier avec la Représentation Nationale. Au moment où votre mandat tire à sa fin, je voudrais, au nom de la Nation toute entière, vous renouveler mes sentiments de reconnaissance pour le travail abattu dans un esprit patriotique, d'abnégation et de fidélité à notre Constitution qui a caractérisé votre législature.
     
    Dans quelque mois, le peuple béninois sera appelé à renouveler sa confiance à ces représentants à l'Assemblée Nationale, conformément à notre loi fondamentale qui a fait la preuve de son efficacité depuis seize (16) ans. Cette Constitution, cohérente et équilibrée est encore capable de nous servir de ciment et d'unité. Et, naturellement, j'entends jouer pleinement mon rôle de garant de notre loi fondamentale.
     
    Mais aucune Constitution n'est parfaite, et, à l'exercice, elle peut révéler certaines insuffisances et incohérences. Le temps est peut être venu de nous en préoccuper et de solliciter la Nation pour sa prochaine relecture et au besoin sa modernisation.
     
    Je veillerai aussi à la mise en place du statut de l'opposition afin de lui permettre de jouer son rôle. Au demeurant la loi portant Charte des partis pourra être examinée en vue de clarifier le paysage politique pour qu'il soit réellement au service  des préoccupations des populations.
     
    De même, notre système judiciaire a besoin d'être amélioré et je m'y emploierai. En effet, la confiance de nos compatriotes en notre Justice s'émousse. Or aucune démocratie ne peut prospérer sans une justice crédible fondée sur le Droit et l'équité.
     
    Dans le domaine de la presse, l'Etat remplit ses obligations et je m'engage à continuer de le faire. Je ne puis néanmoins m'empêcher de relever que beaucoup restent à faire dans le domaine de la responsabilité individuelle et sociale des professionnels de la presse, et que le débat sur la dépénalisation des délits de presse ne peut être envisagé sereinement que dans la perspective d'une consécration de cette responsabilité retrouvée.
     
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    C'est aussi le lieu d'évoquer entre autres sujets qui vont conditionner l'évolution rapide de notre pays vers une économie émergente, les prochaines années, la question de la réhabilitation de l'autorité de l'Etat.
     
    J'ai en effet opté pour la réhabilitation de l'autorité de l'Etat et un réarmement moral de nos concitoyens. Il s'agit manifestement là de conditions impératives pour la sauvegarde de notre communauté nationale.
     
    Mais l'autorité de l'Etat suppose également la construction d'un Etat fort. Et, quand je parle d'un Etat fort, il m'est loin l'idée de ressusciter le vieux débat doctrinal des années 60 qui a conduit nos Etats à la ruine ; encore moins d'agiter le spectre d'une pensée unique.
     
    Il s'agit simplement de s'interroger sur les conditions de consolidation d'une démocratie et d'un Etat de Droit qui garantissent un développement économique accéléré et soutenu.
     
    Il s'agit surtout d'un Etat de Droit qui fait émerger un exécutif fort. Car, en réalité, Etat de droit et Exécutif fort ne sont pas antinomiques. Et ce n'est pas parce que l'on construit un Etat de droit, qu'il faut laisser disparaître l'autorité de l'Etat. La construction de l'Etat de droit et le respect de l'autorité de l'Etat doivent aller de paire et la justice doit être toujours au rendez vous pour être le socle du dispositif.
     
    Ceci est un impératif et c'est dans cette voie étroite mais vertueuse que je me propose d'orienter notre système démocratique avec l'appui de toutes les forces vives de la Nation.
     
    -         Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale,
    -         Honorables  Députés,
    -         Mesdames et Messieurs,
     
    Nos difficultés d'aujourd'hui, loin d'altérer ma détermination et ma foi en un avenir meilleur, constituent un viatique pour la concrétisation de mon ambition de faire du Bénin un pays phare en Afrique.
     
    En cette fin d'année, je voudrais pour finir, former du fond de mon cœur pour chacun et pour tous mes vœux de santé, de paix, de bonheur et de prospérité.
     
    Sous le regard bienveillant de Dieu et des mânes de nos ancêtres qui éclairent notre chemin et guident nos pas, que vive notre Nation, unie, fraternelle, laborieuse et prospère et que vive l'Afrique, espoir d'un monde nouveau.
     
    Je vous remercie.



    Porto-Novo, le 28 décembre 2006


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