• Le chef de village meurt sur les lieux de son intronisation

    La grande place du village de Gabou avait fait sortir tout ce qu'il a comme instruments de musique pour l'intronisation du nouveau chef de village. Rappelons que l'ancien est décédé il y a quelques jours. Conformément à la tradition, le nouveau chef de village devrait être aussitôt désigné.

    C'est ainsi que M. Silmiga avait été désigné pour la simple raison qu'il était le plus âgé de la famille dirigeante. Le sous-préfet de la zone administrative était de la fête comme à l'accoutumée et c'est lui qui présidait d'ailleurs la séance.

    L'intronisation s'était déroulée comme prévu et le nouveau chef de village venait d'être désigné par l'assemblée des sages qui s'était retirée et qui venait révéler le nom de Silmiga. L'octogénaire tout ému, cachait difficilement l'émotion qui s'était emparée de son visage. L'assemblée aussi bien que l'assistance attendait avec enthousiasme la présentation du nouveau chef. Mais c'était sans compter avec la volonté du Tout Puissant qui décida autrement. Ainsi, la cérémonie d'intronisation devait aussi être celle du deuil et de l'émotion. Du deuil, bien triste cette scène. Car, le sous-préfet à qui avait été fait l'honneur de présenter le nouveau chef, à peine débout, demandant à Silmiga de se présenter à ses administrés, un cri fou retenti. C'était du nouveau chef de village muni de son bâton de commandement. Il avait de quoi à crier car la violence de l'accident était terrible. En effet, Silmiga avait ses deux testicules pratiquement détachés de son corps. Il avait crié en mossi : « hi hi ji mê » (traduction je suis mort). Bien sûr qu'il n'était pas encore mort, mais cela n'allait plus tarder, car les testicules étaient coincés sur le «gwelè». Silmiga s'était assis de sorte que ses organes précieux s'étaient faufilés à son insu entre deux planches du «gwelè».

    Aussitôt l'assistance avait compris le sérieux de l'acte, puisqu'il y avait du sang qui coulait. Secouru, le nouveau chef rendait aussitôt l'âme sur la place publique où il venait à peine être intronisé Chef. L'émotion était vive et les spéculations allaient bon train sur les causes de cette mort accidentelle, qui était vite qualifiée de sort jeté.

    L'organisation d'une nouvelle cérémonie était à l'ordre du jour pour trouver un nouveau chef de village pour Gabou qui le soir de cette mort terrible était abasourdi par l'ampleur du décès.

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