• La revue de presse en fon sur CAPP FM : Les trois tentations de Dah Houawé

    Affirmer que la presse a ou est réellement un pouvoir,  un immense pouvoir ne relève guère d'une pure lapalissade ou d'une simple phraséologie. Ainsi constitue-t-elle  un avantage inestimable et incomparable pour les nations au service desquelles elle se trouve. Mais la presse est un couteau à double tranchant, chaque avantage présentant au moins un inconvénient  telle une médaille frappée de son revers. A cette loi ne saurait guère échapper la formule bien assaisonnée de la revue de presse journellement tenue par M. Eustache ATINKPAHOUN alias Dah Houawé de la radio  CAPP FM. Intérêt de cette trouvaille. Tentations subtiles. Suggestions pertinentes pour un mieux-faire.

    Au quotidien, entre 10H et 10H30, tout Cotonou de même les villes périphériques vivent un surprenant ralenti de leurs activités, et ce, en raison de la sulfureuse et combien irrésistible revue de presse de Dah Houawé, locuteur fon de la radio CAPP FM. Le jeu en vaut peut-être la chandelle. Car, ses prestations de tous les jours ouvrables s'avèrent grandement profitables pour les populations de nos villes et de nos campagnes. Son record d'écoute en dit long sur l'audience qu'elle rencontre auprès des couches populaires béninoises. Et comment ne pas saluer l'ingéniosité,  l'inventivité et le savoir-faire d'un journaliste averti de son talent et non moins conscient se glisser subrepticement dans l'ordinaire et dans le subconscient collectif de beaucoup d'entre nous ! Son mérite est aussi grand de s'atteler à monnayer en langue nationale – du moins ou au moins la plus parlée dans le Bas-Bénin– les traits saillants de l'actualité d'ici et d'ailleurs telle qu'elle est proposée et traitée par la presse écrite. Il a certainement à son actif de tenir et de gagner le pari de l'information mise gratis à la portée de tous ceux  qui, pour moult raisons, auraient eu tout le mal du monde à s'acheter un canard de 200F.

    Mais il faut prendre garde de perdre de vue qu'il existe une petite marge entre compétence et infaillibilité; et, tout bien considéré, l'œuvre quotidienne de Dah Houawé  s'avère aussi délicate que sensible. La qualité de ses interventions est constamment menacée par une triple tentation sur laquelle il convient de braquer les feux des projecteurs afin de prévenir des risques intrinsèquement inhérents à l'entreprise. Car la chute est souvent à la taille du niveau d'ascension.
    La première tentation réside dans le risque de verser purement et simplement dans la recherche du sensationnel, du vulgaire et du ronflant. Car, le bas peuple qui est un peuple bas honore le rendez-vous de 10H afin d'y assouvir son appétit glouton du burlesque. Je revois ce conducteur de zémidjan qui en interpelle un autre : « écoute, il est l'heure. Allons nous distraire et rire avec Dah Houawé ». Le journaliste, dans un tel contexte, s'il n'y prend garde, est tout bonnement mené à fouiner et à retrouver dans les pages de chaque journal qui lui tombe entre les mains, du croustillant, du bas, du prosaïque, bref, de quoi ne pas décevoir la pléthore.

    Une autre tentation encourue par celui qui, tous les jours, réalisent une audience et une performance des plus évidentes, se situe dans le risque de se laisser duper, phagocyter et induire en erreur par une certaine presse, une presse qui est loin d'honorer la corporation dont elle se réclame, une presse ennemie du professionnalisme, une presse qui préfère dé-former plutôt que d'in-former et de former.

    La troisième et dernière tentation qui guette Dah Houawé est tout simple; elle est déduction logique des deux premières : sacrifier le vrai sur l'autel de l'ivraie. Dès lors, ses prestations se rendront immondes pour un monde qui ne sait pas toujours discerner et nauséabondes pour quiconque n'est pas adepte des faits falsifiés et servis sur mesure. Le pas ainsi franchi creusera davantage l'écart entre une véritable revue de presse et un commentaire de presse, deux genres tout différents dont la frontière séparatrice peut échapper aux esprits non avertis.

    Mais une tentation, quelque qu'elle soit, reste une tentation aussi longtemps que l'on en prend conscience et que l'on se munit des moyens indiqués pour s'y soustraire. Autrement, elle a tôt fait de se muer subrepticement en dérives ou grossièretés génératrices de lourdes et irrémédiables conséquences. Informer est un art; l'art suppose l'éthique, l'éthique appelle respect, sélection, prudence. Il est alors évident que, si l'éthique déserte l'art d'informer, tout finira en décrépitude. Tel est le drame qui se profile à l'horizon et dont nous tenons à avertir le cher Dah.
    Félicitation pour le brio de tous les jours, mais attention aux excès et aux débordements. Saine sélection de l'information et courage à la tâche.

    Frédéric Serge KOGUE
    Grand Séminaire Saint Gall / Ouidah

     


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