"Le guide du chroniqueur judiciare". C'est le
titre d'un document de 210 page que vient d'éditer l'Observatoire de la
déontologie et de l'éhique dans les médias (ODEM) au Bénin. Ce guide a
été édité grâce au soutien financier du "Programme Gouvernance et
Droits de la Personne de la DANIDA". Après un premier séminaire
organisé à Porto-Novo, capitale de la république du Bénin, à l'endroit
des journalistes en fonction dans les rédactions du Sud, l'ODEM vient
d'organiser un second séminaire à Parakou, (478 km au nord de Cotonou)
au profit des journalistes exerçant dans la partie septentrionale du
Bénin. A cette occasion, Georges Amlon, Expert en communication, membre
de l'équipe des consultants ayant rédigé le guide a présenté la
communication suivante : " Qu'est-ce que la chronique judiciaire ?"
Qu'est-ce que la chronique judiciaire ?La
chronique, au sens journalistique du terme, se définit comme un «
article spécialisé qui rapporte les informations les plus récentes sur
un sujet particulier ». On parle ainsi de chroniques politique,
sportive, financière.
Deux caractéristiques sont donc à relever :
Il s'agit d'un article d'un type particulier, et le professionnel des
médias qui en a la charge (le chroniqueur) doit exercer dans un domaine
de spécialité.
La chronique judiciaire est un article spécialisé
sur des informations du domaine judiciaire. Il existe deux sens du mot
« judiciaire ».
Le premier : « Relatif à la justice, à son administration. Exemple : Organisation judiciaire ».
Le second : « Fait en justice, par autorité de justice. Exemple : Enquête judiciaire ».
La chronique judiciaire est, par conséquent, un article ou un papier
spécialisé dans les questions ayant trait à la justice, un article ou
un papier qui apporte des informations sur les affaires en jugement
devant un tribunal ou une Cour.
Dans la pratique, le journaliste
affecté à la confection de la chronique judiciaire, couvre les procès
en cours devant une juridiction et en rend compte. Cela quel que soit
le média dans lequel il exerce, qu'il soit de la presse écrite, de la
radio, de la télévision ou par Internet, et chaque lui accorde un
traitement en rapport avec ses propres spécificités.
Le rôle du
chroniqueur judiciaire consistera donc à se rendre dans les salles
d'audience où sont jugées des affaires qui intéressent le public, et à
raconter à ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs, ce qu'il y a vu
et entendu.
Il reviendra donc au professionnel chargé de cette
lourde mission d'être à la hauteur des attentes. Ce qui ne va pas sans
un certain nombre d'atouts et de dispositions indispensables pour
assumer cette responsabilité
Les principaux genres journalistiques et leurs caractéristiques Nous
regroupons ici les genres journalistiques en quatre grandes catégories,
en tenant compte des caractéristiques de chacune d'entre eux :
L'interview
: Elle consiste à interroger une personne, pour obtenir un témoignage,
une information, une opinion ou un point de vue. Le journaliste est
acteur et dirige l'interview.
L'enquête :
Elle
consiste à rechercher une ou des informations dans le but d'apporter un
éclairage ou de révéler une réalité cachée. Le journaliste est acteur,
oriente et conduit son enquête, puis qui formule des conclusions.
Le
compte rendu et le reportage : Ces deux genres consistent (avec
quelques nuances) à rapporter ce que le journaliste a vu ou vécu. Le
journaliste est un témoin qui écoute, observe et questionne pour mieux
restituer.
L'éditorial, l'analyse et le commentaire : Ces genres
consistent (chacun avec sa nuance) à émettre des points de vue. Le
journaliste est une voix qui émet une opinion, ou prend position sur un
sujet donné.
Les caractéristiques de la chronique judiciaire
Comme
son nom l'indique, la chronique est avant tout un récit. En cela elle
emprunte au reportage, et le journaliste est d'abord un témoin qui
écoute, observe, questionne au besoin (mais hors audience) et restitue.
La
chronique ou le chroniqueur ne sont, en aucune manière partie prenante,
et les vrais acteurs du procès jouent, sous ses yeux, leur partition.
Le journaliste n'est donc qu'un spectateur, qui doit même s'abstenir
d'orienter l'opinion ainsi que pourrait le faire un éditorialiste.
La
chronique n'exclut pas pour autant le commentaire ou l'analyse. Le
chroniqueur dont on requiert la sensibilité pour faire « vivre » son
récit ne peut faire abstraction de ses impressions. De même, il peut
analyser les arguments des plaideurs. Mais il ne saurait, par ses
propos chercher à influer sur le cours du procès, ou à dresser
l'opinion contre l'un quelconque des acteurs du procès.
Simple «
conteur » des audiences, le chroniqueur n'enquête pas. Comment le
pourrait-il d'ailleurs, contraint qu'il est d'assurer une présence dans
le prétoire ? Mais il peut arriver, comme dans la récente affaire
d'Outreau en France, que le chroniqueur ait des doutes et se transforme
en enquêteur. Ceci après le procès...
Les qualités du chroniqueur judiciaire ?
La
première qualité du journaliste qui se veut chroniqueur judiciaire
semble bien en effet, être l'expérience. Les scènes qui se jouent dans
le prétoire engagent bien souvent la vie d'êtres humains, et il faut de
la pondération pour en rendre compte, en allant au-delà de toutes les
formes d'influences.
Une bonne formation en tant que professionnel
des médias est également largement souhaitable, ici peut-être plus
qu'ailleurs, la collecte et le traitement de l'information sont d'une
importance capitale. Le compte-rendu du journaliste constitue un enjeu
pour chacun des acteurs du procès à quelque niveau qu'il se situe.
En
dehors de sa formation de journaliste, le chroniqueur judiciaire se
doit d'avoir ou d'acquérir de solides connaissances du droit et des
articulations du système judiciaire. La compréhension des termes
juridiques qui peuvent paraître un jargon pour le néophyte, tout comme
celle des règles juridiques ou des différentes étapes de la procédure,
sont indispensables pour rendre convenablement compte d'un procès.
Également
indispensables, certaines qualités qui aideront le chroniqueur
judiciaire à suivre efficacement un procès : l'écoute, l'observation et
l'endurance.
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« Le chroniqueur
judiciaire n'a pas pour rôle d'enquêter, de rechercher des informations
inédites, de recueillir des commentaires ou des confidences. Il n'y a
rien à vérifier, rien à recouper ». Pascale Robert-Diard, chroniqueur
judiciaire au journal Le Monde
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«
Notre rôle est simplement d'écouter, de regarder et de prendre des
notes, pour pouvoir rendre compte le mieux possible de ce qui s'est
passé à l'audience. C'est comme une scène de théâtre. Il faut la
reproduire dans son ensemble. Tout est important : les mots, mais aussi
les silences, les hésitations, les regards, les expressions » Pascale
Robert-Diard
Je termine actuellement mes études de droit et ,face à la difficulté des concours, j'aimerais me réorienter vers le métier de chroniqueur judiciaire.Pouvez-vous me renseigner sur le parcours possible?(je suis titulaire d'un Master 1 de droit privé)Je vous remercie.