• AFRIQUE : La mortalité maternelle, une catastrophe des droits humains

    Le droit à la norme de santé la plus élevée – accessible – n’est pas le plus à la mode parmi les droits humains; mais les limites à la jouissance des gens de leur droit à la santé coïncident souvent avec des inégalités constantes dernière des déclarations de croissance économique ou de réforme politique.

    La qualité de la vie des femmes et des enfants – notamment les femmes pauvres, les femmes rurales, et les femmes issues des minorités ethniques et indigènes – est une importante mesure de changement réel pour les gens les plus vulnérables au monde. Au cours du mois de juin, les droits de la santé sexuelle et de la reproduction des femmes ont bénéficié d’une certaine attention opportune.

    "Sur les 500.000 décès maternels qui se produisent annuellement à travers le monde, plus de 250.000 surviennent en Afrique. Les femmes enceintes en Afrique courent un risque sérieux", a déclaré Soyata Maïga à la 11ème Session du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies. "En outre, il y a beaucoup de pays en guerre en Afrique, ce qui aggrave le risque des femmes enceintes, avec des centaines de milliers de femmes mourant chaque année".

    Maïga, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des femmes en Afrique, a ajouté: "Des pratiques socioculturelles telles que le mariage précoce, la grossesse précoce, les violences, la mutilation génitale féminine, la marginalisation dans les prises de décisions par rapport aux questions qui concernent les femmes, la faible position des femmes dans la famille africaine, et le fait que les femmes ne soient pas rendues capables ou ne soient pas autorisées à planifier leurs grossesses – chacun de ces facteurs conduit à la mortalité maternelle, un problème qui peut être réglé et évité si nous l’abordons comme une question des droits humains".

    Les façons dont les niveaux élevés soutenus de la mortalité maternelle proviennent d’un déni des droits, étaient également le thème central d’une conférence tenue à Bruxelles à la fin du mois de mai pour examiner les progrès effectués depuis la Conférence internationale sur la population et le développement au Caire. La conférence de 1994 était un grand tournant en termes d’apport d’une approche basée sur les droits au contrôle de la population et à la santé sexuelle et de la reproduction des femmes.

    A Bruxelles, Indu Capoor, directrice exécutive du Centre indien pour l’éducation pour la santé, la formation et la sensibilisation sur la nutrition, a partagé l’anecdote suivante, retraçant la façon dont la pauvreté condamne des millions de femmes à une cascade de dénis de leurs droits fondamentaux avant que la mortalité maternelle ne mette fin aux vies appauvries.

    "De quel type de droits humains pouvez-vous [parler à] Lakshmi, une fille de 13 ans forcée dans le mariage parce que ses parents étaient pauvres? Elle a été mariée à un garçon vivant dans un village voisin. Elle est tombée enceinte immédiatement, parce qu’elle devrait prouver sa fécondité".

    Les femmes pauvres sont systématiquement privées de leurs droits à l’éducation, aux soins de santé adéquats et accessibles, ou à faire des choix de planning familial et à contrôler leur sexualité – de multiples inégalités qui réduisent trop souvent leurs perspectives d’avenir à zéro.

    "Etant à la fois pauvre et jeune, elle n’a aucun accès à l’argent, à l’information ou aux services de santé tels que les contrôles prénataux. Comme elle a été pauvre durant toute sa vie, elle était gravement anémique. Elle avait accouché d’un enfant prématuré de cinq mois", poursuit Capoor, "et le bébé n’a pas survécu. Elle a, elle-même, souffert d’un saignement excessif et à cause de son état anémique, elle est décédée peu après".

    En moyenne, une femme ailleurs sur la planète meurt pendant l’accouchement toutes les minutes. Trois quarts de ces décès sont évitables.

    "La mortalité maternelle est une question de droits humains. Souligner le refus systématique de prévenir le décès maternel c’est, selon des circonstances spécifiques, le déni du droit à la santé, à l’égalité et à la non-discrimination, à l’autodétermination dans la reproduction et à l’avantage des progrès scientifiques", a affirmé Ariel Frisancho de l’Initiative internationale sur la mortalité maternelle comme un droit humain.

    Les estimations mondiales les plus récentes de décès pendant l’accouchement – les chiffres de 2005 publiés conjointement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et la Banque mondiale – montrent des progrès limités.

    De 1990 à 2005, la mortalité maternelle a baissé de 26 pour cent en Amérique latine; en Asie, la baisse était de 20 pour cent au cours de la même période. En Afrique, la baisse était moins d’un pour cent, de 830 pour 100.000 naissances vivantes à 820 – environ 276.000 femmes africaines sont mortes de complications liées à la grossesse en 2005.

    S’exprimant, comme Maïga, dans le groupe d’experts du Conseil des droits de l’Homme, Frisancho a expliqué que la majorité de ces décès sont le résultat de ce que les activistes décrivent comme les Cinq retards.

    "Un, le temps qu’il faut pour reconnaître qu’une femme est confrontée à un problème de santé de vie ou de mort; deux, le temps de prise de décision pour solliciter des services; trois, la durée du parcours pour bénéficier des services; quatre, le retard pour bénéficier des services dès l’arrivée au centre de santé; et cinq, le retard politique de la part des gouvernements et des bailleurs pour régler efficacement la question de la mortalité maternelle".

    Certains programmes qui répondent à ce besoin sont en place, mais ils nécessitent un financement et un soutien plus grands des gouvernements.

    Au Pérou, le pays natal de Frisancho, des organisations non gouvernementales ont constaté qu’en plus des problèmes courants de distance, de coût et du manque de personnel, les femmes indigènes, dans le district d’Ayacucho, n’ont pas confiance aux centres de santé publics.

    Des consultations avec la communauté ont conduit à l’adoption des soins prénataux et postnataux ainsi que la délivrance dans de nouveaux centres d’accouchement - gratuit - pour les rendre plus culturellement sensibles – y compris les accoucheuses qui parlent le Quechua, des équipements pour les femmes afin qu’elles accouchent debout si elles le souhaitent, et des dispositions pour qu’un membre de famille reçoive le placenta conformément aux traditions locales.

    En Afrique occidentale et centrale, un projet dirigé conjointement par l’UNICEF et l’USAID à Kaedi, en Mauritanie, et à Ngaoundéré, au Cameroun, a formé plusieurs douzaines de médecins, de sages-femmes et d’assistants, et a doté les centres de santé des villes d’un nouvel équipement.

    La formation pour une meilleure communication, la gestion du travail et la prévention de l’infection ont amélioré la santé maternelle, et des agents de santé communautaires ont été déployés pour sensibiliser sur les signes d’alerte en cas de complications de la grossesse, afin que les femmes et leurs proches n’attendent pas trop longtemps avant de solliciter les soins d’urgence.

    Dans l’Etat de Uttar Pradesh, en Inde, l’ONG de défense des droits, SAHAYOG, a mobilisé des milliers de femmes pauvres pour soumettre aux décideurs des questions de soins maternels et d’autres violations des droits humains. Les femmes ont formé le 'Mahila Swasthya Adhikar Manch' (en Hindi: Forum des droits des femmes à la santé), qui vise à permettre aux femmes marginalisées de gagner une voix dans l’élaboration des politiques afin de réduire les taux élevés de mortalité maternelle dans cet Etat.

    La vision d’une approche basée sur les droits pour réduire la mortalité maternelle existe depuis plus de 15 ans; ce qu’il faut, ce sont des actions diverses à grande échelle pour la mettre en pratique.

    Le 17 juin, le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies a adopté une résolution reconnaissant que la mortalité maternelle évitable est une violation des droits de la femme à la vie, à la santé, à la dignité, à l’éducation et à l’information. On espère que cela constituera un outil permettant aux femmes de faire pression pour une responsabilité plus grande.

    "Un changement durable, substantiel ne sera réalisé que si les pauvres ont une implication plus grande dans l’élaboration de politiques et pratiques de santé", a déclaré Frisancho. Cette vision existe depuis plus de 15 ans, mais développer des actions comme celles-ci est la clé pour réduire la mortalité maternelle. (FIN/2009)

    Une analyse de Rosemary Okello et de Terna Gyuse [BRUXELLES et LE CAP, 2 juil (IPS) -]

    Source : http://ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=5383


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  • Commentaires

    1
    Lundi 6 Juin 2011 à 17:41
    ctastrophes
    Bonjour, Vous êtes cordialement invité à visiter mon blog. Description : Mon Blog(fermaton.over-blog.com), présente le développement mathématique de la conscience humaine. La Page No-8: THÉORÈME DES CATASTROPHES Responsable des morts potentiels(Tm) ? Cordialement Clovis Simard
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