• Dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accordé, Dr Achille Batonon, médecin coordonnateur de la zone sanitaire Malanville Karimama apporte des précisions sur la situation alimentaire et nutritionnelle des ménages et enfants de moins de cinq ans, qui a été fragilisée dans les communes de Karimama et Malanville, suite aux inondations de

    Après les inondations intervenues en 2012 dans les communes de Malanville et Karimama qui ont causé au moins cinq morts, des pertes de vivres et de bétails, quelle est aujourd’hui la situation des populations locales ?

    Les inondations survenues en 2012 dans les communes de Malanville et de Karimama ont causé des pertes en vie humaines (6 décès par noyade dont 3 dans l’arrondissement de Monsey, commune de Karimama et 3 dans la commune de Malanville dont 1 dans l’arrondissement de Malanville et 2 dans celui de Toumboutou et d’autres dégâts connexes tels que la destruction massive des cultures et greniers, la perte de bétail et la destruction des matériels de pêche. La situation des populations dans les localités durement affectées par ces inondations est assez critique sur les plans de l’alimentation et de la nutrition au vu des résultats de la campagne de dépistage des cas de malnutrition aiguë réalisée chez les enfants de moins de cinq ans dans ces deux communes.

    Quelle a été l’impact de la destruction des vivres, du bétail et la dévastation des champs sur la situation nutritionnelle dans les deux communes ?

    La destruction des vivres, du bétail et la dévastation des cultures  a très tôt plongé les populations locales dans une insécurité alimentaire. Les ménages des localités durement touchées  ont été amenés à réduire le nombre et la qualité des repas ou encore à réduire les dépenses de santé. Ce mécanisme de survie ainsi développé par les ménages  a eu un impact négatif sur l’état nutritionnel et la santé des cibles les plus vulnérables que constituent les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et allaitantes. Afin d’analyser la situation nutritionnelle dans les communes de Malanville et de Karimama, l’équipe d’encadrement de la zone sanitaire a organisé en décembre 2012, une campagne de dépistage des cas de malnutrition aiguë chez les enfants de 6 à 59 mois. Cette campagne a permis de confirmer la nécessité des interventions nutritionnelles d’urgence dans les deux communes.

    Comment l’état nutritionnel des enfants a été affecté et quelle est l’évolution?

    La qualité de vie des ménages touchés par ces inondations a été compromise sur les plans de l’alimentation et de la nutrition. Ainsi plusieurs ménages, pour faire face à la situation, ont été amenés à réduire le nombre et la qualité des repas. Cette réduction du nombre et de la qualité des repas chez les enfants a engendré une inadéquation des apports nutritionnels par rapport aux besoins nutritionnels chez ces Etres en pleine croissance. Il s’en suit un déficit en énergie, en plusieurs éléments nutritifs  indispensables à leur croissance et donc une perte de poids. L’immunité de ces enfants malnutris est aussi affectée, ce qui les rend vulnérables aux maladies infectieuses et à la mort.

    En termes d’évolution, le dépistage réalisé en juin 2013, soit 6 mois après  celui de décembre 2012, a révélé la persistance de poches de malnutrition dans plusieurs arrondissements de Karimama et Malanville.

    Comment avez-vous fait face à la malnutrition des enfants et avec quels moyens ?

    La riposte à la situation d’urgence alimentaire et nutritionnelle a été planifiée, mise en œuvre et suivie par l’équipe d’encadrement de la zone sanitaire de Malanville-Karimama avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Elle a consisté, d’une part, à palier très rapidement à l’urgence alimentaire à travers la distribution gratuite de vivres et de suppléments alimentaires à tous les  ménages et leurs enfants touchés par les inondations. D’autre part, une prise en charge gratuite des cas de malnutrition a été assurée suite aux dépistages etc . Par ailleurs, des activités promotionnelles pour la prévention de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans, couplée à une campagne de mobilisation communautaire en faveur des interventions nutritionnelles en situation d’urgence ont été organisées.

    Quelle a été la part des partenaires techniques et financiers dans la mobilisation des ressources pour assurer la sécurité nutritionnelle dans la zone ?

     La distribution gratuite de vivres et de suppléments alimentaires à tous les  ménages touchés par les inondations et aux enfants dépistés malnutris aigus modérés a été organisée avec l’appui technique et financier du PAM. Le recensement-dépistage de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans ;  la supervision spécifique des prestataires sur les activités de nutrition ; le suivi et la mise en œuvre des plans de résolution des problèmes identifiés lors de la supervision spécifique des prestataires ;  la mobilisation communautaire pour le plaidoyer et l’information sur les interventions nutritionnelles en situation d’urgence ; la prise en charge et le suivi de la malnutrition aiguë et la réalisation des activités promotionnelles pour la prévention de la malnutrition dans la zone sanitaire de Malanville-Karimama ont été réalisés avec l’appui technique et financier de l’UNICEF grâce au soutien significatif du Japon. D’autres partenaires tels que CARE et Plan Bénin ont aussi contribué aux efforts conjoints.

    L’inondation est un phénomène récurrent dans la zone, quelles sont les mesures prises pour y faire face et prévenir la dégradation de la situation nutritionnelle?

    Les communes de Malanville et de Karimama, disposent chacune d’un plan de contingence actualisé pour faire face aux aléas dont les inondations. Ce plan de contingence, véritable guide opérationnel, est élaboré pour prévenir et gérer les différents aléas qui peuvent affecter de façon récurrente ces communes. Il fait ressortir les scénarii possibles dans la gestion des crises. Cependant, il faut noter qu’il existe quelques insuffisances relatives à la gestion des urgences alimentaires et nutritionnelles dans les différents scénarii proposés. Les autorités communales conscientes de cette insuffisance ont déjà pris des dispositions locales, en instruisant les acteurs des différents secteurs concernés par les questions d’alimentation et de nutrition, pour assurer la sécurité alimentaire et renforcer les interventions nutritionnelles au niveau communautaire et des formations sanitaires avec l’aide des partenaires techniques et financiers.

    Réalisé par Kate Léoncia Mondoukpè

    Appui du Gouvernement Japonais pour renforcer les interventions nutritionnelles dans les communes de Malanville et Karimama au Nord du Bénin

    En mars 2013, le Gouvernement Japonais a octroyé un financement humanitaire de 500,000 USD à l’UNICEF-Bénin pour renforcer les interventions nutritionnelles au Nord du Bénin et plus spécifiquement appuyer les actions de nutrition dans les communes de Malanville et Karimama suite aux inondations de 2012.

    En effet, plus de 4 enfants sur 10 souffrent de malnutrition chronique au Bénin, et la malnutrition aigüe, qui se caractérise par une maigreur ou la présence d’œdèmes bilatéraux, touche encore trop d’enfants. Cette situation, déjà préoccupante, a été aggravée dans les communes de Malanville et Karimama suite aux inondations de 2012, ce qui a requis des actions immédiates.

    Les fonds du Gouvernement du Japon visent à renforcer les capacités des communautés et acteurs socio-sanitaires pour dépister et prendre en charge les cas de malnutrition mais aussi prévenir la malnutrition et promouvoir les bonnes pratiques d’alimentation de la femme, du nourrisson et jeune enfant. Afin de mieux répondre aux besoins des filles et des garçons les plus vulnérables, le suivi de la situation nutritionnelle est également une priorité. Ainsi, 99% des enfants de 6 à 59 mois des communes de Malanville et Karimama ont bénéficié d’un dépistage de la malnutrition en juin 2013. Cette action a permis de dépister 452 enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère qui sont pris en charge avec l’appui de la Zone Sanitaire.

    Ce financement humanitaire octroyé par le Gouvernement Japonais, permet à l’UNICEF, en collaboration avec les partenaires du Mouvement SUN «Scaling Up Nutrition», d’accompagner le Gouvernement du Bénin dans la mise en œuvre des interventions nutritionnelles essentielles afin d’offrir à tous les enfants béninois le meilleur départ dans la vie. 

    Kate Léoncia Mondoupkè


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